• Poiesis : Un des sens que les Grecs donnaient au travail est poiesis, qui a donné son nom à la poésie. Elle désigne le travail de l'artisan et de l'artiste. La poiesis est l'activité libre de l'être humain qui n'est pas subordonnée aux contraintes de la subsistance, elle est création.



  • Praxis : En philosophie, terme désignant l'activité transformatrice, en tant qu'elle est relativement distinguée de la théorie.



  • Projet : Ensemble d'actions à réaliser pour satisfaire un objectif défini, dans le cadre d'une mission précise, et pour la réalisation desquelles on a identifié non seulement un début, mais aussi une fin. (Afnor)

  • Définitions usuelles (le pluriel est nécessaire car il y en a plusieurs !).

    o "Constructions de l'esprit agençant propositions, principes et conclusions qui forment un corps de doctrine, ou une construction théorique qui rend compte d'un vaste ensemble de phénomènes".

    o "Ensemble de concepts présentés sous une forme coordonnée selon une règle donnée".

    o  "Méthode de classification fondée sur l'emploi d'un nombre restreint de critères.

    "Ensemble de méthodes ou d'appareillages organisés et de pratiques et procédés, permettant d'assurer des fonctions définies (en vue de résultats)".  Depuis Condillac ("Traité des Systèmes", 1754), "le système est ce qui permet à l'esprit humain de saisir l'enchaînement des phénomènes"). Mais l'audience du concept d'ensemble mathématique depuis un demi siècle a fréquemment conduit l'usage récent à une "réduction" de la notion de système à la notion d'ensemble ("un système est un ensemble ordonné d'éléments abstraits..."), ce qui a souvent stérilisé en pratique les développements contemporains d'une théorie puis d'une science des systèmes : si "le système est un ensemble, on n'a nul besoin d'une théorie des systèmes : la théorie des ensembles est bien construite et elle fera l'affaire sans s'encombrer de synonymes redondants !). Un retour aux sources des définitions usuelles (l'Encyclopédie de Diderot d'Alembert y consacrait un long article de 40 pages !) s'avèrera en pratique fort bienvenu, surtout si l'on souhaite prendre en compte les développements récents des sciences de la complexité (récursivité, émergence, auto-organisation, évolutivité, imprévisibilité, etc.).

  • Systémique : Définition usuelle (Jean-Louis LeMoigne)   La systémique (le mot apparaît en 1977 et les premières sociétés scientifiques portant ce nom apparaissent à partir de 1979) est devenue le nom usuel de "la science des systèmes" ("systems science" ou "general system science" en anglais). Elle se définit, à partir de la double expérience modélisatrice de la cybernétique et des sciences de l'homme et de la société "structuralistes" — J. Piaget, 1968 —, comme "la discipline dont le projet est l'élaboration et le développement des méthodes de modélisation des phénomènes perçus ou conçus complexes comme et par un système en général" : l'usage condense volontiers par "la systémique" la "modélisation systémique", usage handicapé parfois par la rémanence du libellé d'origine anglo-saxonne "systems approach" ("Approche système", voire "analyse-système"), qui introduit beaucoup de confusion et n'introduit aucune rigueur dans la formulation (ce qui a contribué à retarder l'audience de la systémique dans les institutions académiques, qui craignent beaucoup, à juste titre, les charlatans.  Science des méthodes de modélisation systémique, la discipline ne va donc pas chercher à "résoudre" autrement et mieux les problèmes dont on dit qu'ils "résistent" à la modélisation analytique : elle va chercher à les formuler différemment. Son projet épistémique n'est pas d'expliquer ni de prescrire, mais de décrire intelligiblement (selon le mot de P. Valéry, qui fut certainement un des pionniers fondateurs de la systémique, ses "cahiers" maintenant disponibles en témoignent).  En se développant, la systémique s'est aisément différenciée de la "systématique", science de la classification des espèces naturelles, devenue la taxonomie au XXe siècle ; puis elle a suscité une ample réflexion sur ses propres fondements paradigmatiques ("Paradigme de la complexité, E. Morin) et épistémologiques ("épistémologies constructivistes"), qui se poursuit aujourd'hui en s'enrichissant des multiples expériences de la modélisation des systèmes complexes qui s'accumulent dans tous les domaines du savoir : sciences des éco-systèmes, sciences de l'ingénierie, sciences de la cognition, de la communication, de l'éducation, etc.).